Silentio Delicti
de Filip Markiewicz
Abbaye de Neumunster,
Luxembourg.
Jusqu’au 5 mars 2012.
Jusqu’au 5 mars 2012.
Je rentrais dans la
cour, le patio de l’abbaye,
appelée par une musique de fanfare.
appelée par une musique de fanfare.
Il y avait là une
cour étrange, autour d’un homme
et son équipe. Une bataille entre une société
et l’armée révolutionnaire, entre les spectateurs
du changement et les actants.
Dans la foule, là, je ne reconnais pas beaucoup de visages. Je suis à l’étranger.
J’ai traversé une frontière. Je suis là, au milieu d’autres et pour une fois, perdue.
et son équipe. Une bataille entre une société
et l’armée révolutionnaire, entre les spectateurs
du changement et les actants.
Dans la foule, là, je ne reconnais pas beaucoup de visages. Je suis à l’étranger.
J’ai traversé une frontière. Je suis là, au milieu d’autres et pour une fois, perdue.
Mais suis-je
perdue ? Non. Je reconnais quelques visages. Amis.
Je suis française. Je suis voisine. Je suis aussi d’ici.
Il est luxembourgeois, polonais, vivant en Allemagne, ayant étudié en France.
Nous sommes voisins.
L’avons été.
Je suis française. Je suis voisine. Je suis aussi d’ici.
Il est luxembourgeois, polonais, vivant en Allemagne, ayant étudié en France.
Nous sommes voisins.
L’avons été.
Où suis-je ?
Je suis dans un camp
retranché allié après la signature de la Paix. Thanks G.I.
Le sang est limité. Au milieu des croix rouges en deuil, enterrons la frontière
qui nous fouettait.
Tenues de soirées vs
treillis.
Le nouveau chef, le mentor
donne ses ordres.
Nous avons tellement
l’habitude de grands discours économiques, alarmistes, destructeurs que nous
sommes perdus, nous ririons presque. Le leader nous demande
d’ « imaginer ». Alors, il lit son Manifeste pour la Technologie
de Dépolitisation du Corps.
Imaginer.
En France, nous
sommes en pleine campagne présidentielle. Mégalomanes par nature, il n’y a plus
que cela qui existe pour nous. Alors, là, à l’Abbaye de Neumünster, à
l’étranger si proche, je vois un meeting.
Et pour la première fois en 15 ans de possession de carte d’électeur, j’ai envie de voter pour un programme et non contre les autres.
Et pour la première fois en 15 ans de possession de carte d’électeur, j’ai envie de voter pour un programme et non contre les autres.
Non pas parce que
cela me fait rêver. Non. Simplement parce que c’est la vie que je crois mener.
Parce que c’est la vie de la majeure partie des européens voyageant ou vivant sur des frontières.
Parce que c’est ce que nos politiciens oublient : notre réalité.
Parce que c’est la vie de la majeure partie des européens voyageant ou vivant sur des frontières.
Parce que c’est ce que nos politiciens oublient : notre réalité.
Leur économie (CECA,
CEE, UE…) n’a pas changé grand-chose à notre quotidien. Elle a accéléré le
passage aux frontières : nous ne saluons plus poliment le douanier mais
roulons à 70km/h.
Mais comme avant,
nous : frontaliers, voyageurs, nous traversons les frontières, nous
travaillons ensemble, nous mangeons ensemble, nous buvons ensemble, nous
dansons ensemble, nous nous baignons ensemble, nous roulons ensemble, nous
parlons, étudions, consommons ensemble. Nous tombons même amoureux les uns des
autres. Fous.
Nos politiques ne
pensent qu’à l’administration et aux palmarès économiques. Certes. Mais nous,
peuples, Peuple, vivons cette vie que le manifeste défend.
Il ne nous reste plus
qu’à le leur faire comprendre. Contre ceux qui rejettent et qui crient, aux
quatre coins de nos pays, de notre Europe.
Filip Markiewicz nous
donne à voir une Europe sans localisation.
L’Europe qu’il montre
est faite de forêts, de vieux, de chevaux, de paysans.
L’Europe qu’il montre
est construire sur les ruines de guerres, de millénaires de guerres, de la
dernière guerre, qui a laissé ses cicatrices – comme les autres, mais plus que
les autres pour que ce soit la dernière – partout.
Il pourrait être dans
les Ardennes belges françaises ou luxembourgeoises, en Serbie, en Pologne…
Il est partout où
nous avons un aïeul. Partout où nous avons souri en dansant.
L’Europe qu’il
montre, dans ses dessins délicats, est faite d’images partagées. D’infirmières
de la Croix Rouge
et de joueurs de foot. Nous avons une culture commune. Nous sommes un Peuple
uni. Autant que chaque peuple interne à chaque pays.
Silentio Delicti.
Nous sommes plus
nombreux que les autres. Nous sommes plus nombreux que ceux qui rejettent.
Nous sommes plus forts, aussi. Nous avons le pouvoir, vraiment. Nous sommes plus riches, oui.
Nous sommes plus forts, aussi. Nous avons le pouvoir, vraiment. Nous sommes plus riches, oui.
Mais nous nous
taisons.
Un jour, nous
comprendrons le pouvoir de notre parole. Alors, nous nous lèverons et nous
parlerons.
Alors, nous ferons taire les excluants.
Alors, nous ferons taire les excluants.
L’exposition dure
jusqu’au 5 mars.
Nous avons jusque là
pour nous rappeler que ce silence commence à être lourd.
Il a déjà tué notre
peuple.
Il pourrait
recommencer.
Le silence est un
délit.
Charlotte Picard
Charlotte Picard
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